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Il était une fois...


Un petit garçon de 10 ans, venu de la petite couronne de Paris, plus précisément de Meudon. Cette histoire se déroule en 1973, quand mes parents prennent en gérance leur premier commerce, un grand garage station TOTAL avec quatre pompes et un atelier , situé sous un grand immeuble moderne, à l'angle des rues Michel Ange Molitor, dans dans un très chic Paris du XVI ème arrondissement.  Nous habitions toujours à Meudon et nous faisions  beaucoup de trajet matin et soir, à midi un déjeuner sur le pouce, et je repartais à l'école, à deux rues du garage, rue Boileau. Je faisais le trajet à pied, passant devant l'entrée du hameau Boileau. C’était très joli, il y avait de très belles maisons et des grands arbres, un coin de campagne en plein Paris. Le soir après l'école, je retrouvais souvent deux petites camarades, qui venaient voir leur grand mère, Madame Lucas, concierge de l'immeuble du 41 rue Michel Ange, juste en face du garage . Nous jouions dans le hall, c'était un endroit très haut et large, assez pour laisser passer une voiture ou un carrosse. Il était fermé coté rue par une grosse porte sculptée en bois clair, et coté cour, par une grande porte en métal ajourée par des vitrages opaques. Au travers de laquelle, on pouvait distinguer la forme de grands arbres très feuillus.

J'étais évidemment à la fois très attiré, car je manquais d'espace et d'air pur,

-tout comme à Meudon où je pouvais jouer dans les bois-mais aussi, intrigué par, ces grand arbres, et ce parc. Dans mon esprit, ce lieu devenait magique, car j'étais déjà un enfant curieux et imaginatif. Je voulais voir. 

Ce fut chose faite, un jour par très beau temps, nous avons eu le droit de passer cette grande porte, continuellement fermée, car

Madame Lucas nous avait autorisés à la suivre.... J'étais excité ! le seuil passé, je pus découvrir tout d'abord d'énormes troncs qui s’élançaient vers le ciel que l'on ne pouvait apercevoir tant les arbres étaient feuillus.

Des Marronniers , immenses, qui avaient grandis à l'ombre de ces immeubles Haussmanniens,

(les premiers Marronniers d'Inde plantés par le jardinier de Nicolas Boileau "Antoine Riqué au XVI ème siècle ). C était exaltant, mais ce n’était pas là ma seule surprise, car en suivant l'allée de graviers l'on pouvait apercevoir une maison.  J'étais comme dans un rêve,

elle était si grande et très belle, presque un château. Elle ressemblait à ces bâtisses  Normandes que j'avais eu l'occasion de voir en me rendant chez ma grand mère. Des murs blancs à colombages longés de gros buissons verts, des avancées de hautes fenêtres à petits carreaux,(Bow-window) des vieilles marches de pierres devant une porte large et finement ornementées, couverte par une petite toiture de tuiles et de bois sculptées.  En levant la tête, un étage garni  de plusieurs fenêtres avec des balcons de bois, et enfin plus haut les toitures hautes et pointues....Elles aussi décorées de boiseries comme de la dentelle qui tombe du toit. Je ne pouvais plus la quitter des yeux,  Je scrutais le moindre détail, j’étais ébloui, presque envoûté. En la contournant, je trouvais un grand perron rehaussé de trois marches en pierre, avec de part et d'autre deux statues couchées ou plutôt assises sur deux socles , un corps de lion avec un buste de femme, plus précisément des marquises, grises, et immobiles. cela me rappelait le film avec Jean Marais "la belle et la bête".

j’étais partagé entre peur, et émerveillement .....

Mais la visite, cette fois, s'est arrêtée là et nous avons dû repasser la grande porte. Dés lors, nous venions plus souvent jouer dans le parc autour de la Maison. Elle était endormie mais paraissait nous surveiller, peut être heureuse d'avoir à nouveau de la vie autour d'elle.

Il y avait une statue en ciment, blanc, en forme de Barbapapa, dans le parc, que l'on pouvait traverser, jouer autour, le temps passait vite et c'était si agréable que j'en oubliais ou j'étais..... Le jeu, le bon air, et la Maison, tout cela était réconfortant, j'aimais cet endroit. Un jour je me suis approché un peu plus, ma curiosité me taraudait- Que cachait elle ? Était elle vide ?  abandonnée ? Prétextant un jeu, de cache cache, je me suis approché traversant les épais buissons sous la grande fenêtre, en m'étirant le cou pou pouvoir atteindre son bord. Je pouvais enfin apercevoir l’intérieur, à travers les vitres. Au premier regard, les plafonds était hauts et  des beaux lustres y étaient suspendus, les murs,étaient couverts de boiseries, différents meubles, des fauteuils, guéridons tables et canapés, une jolie méridienne en velours rouge où aurait pu être étendue une impératrice Napoléonienne. Tout semblait irréel ......Une drôle d’impression me traversait le corps, il ne manquait plus que des fantômes, je baissais la tête et attendais accroupi que mes petites camarades me trouvent. Je n'ai plus eu l'occasion de revoir

l'intérieur de la Maison car quelques temps après, mes parents et moi quittions Paris.

Au fil des années qui suivirent et à plusieurs reprises, j'ai pu revoir brièvement la Maison, dans un film, Hibernatus, avec ce cher Louis de Funes et à chaque fois cela me plongeais dans mes souvenirs d'enfance, et bien plus tard grâce à internet j'ai cherché à m'informer sur le film, et à ma grande surprise j’étais le seul à savoir où avait été tournés les extérieurs, certains les pensent au Vesinet d'autres en Normandie. Erreur . Elle est en plein Paris cachée derrière un immeuble du XVI ème, et heureusement protégée et classée à ce jour. Alors aujourd'hui 47 ans après je me suis plongé dans son histoire et je vais essayer de partager mon plaisir à parler de cette chère vieille dame,

la Maison du Hameau Boileau.